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faisante de l’astre qui venait de s’éclipser soudainement. Ils tinrent conseil en vue de déterminer la radieuse exilée à reparaître sur le monde, et, pour obtenir d’elle cette faveur insigne, construisirent à son usage un palais immense et somptueux, confectionnèrent des vêtements admirables, des joyaux pleins de richesse et de grâce, et fabriquèrent un miroir assez vaste pour que l’éclat emprunté aux propres rayons de la recluse excitât sa curiosité d’abord, puis sa jalousie. Ils déracinèrent alors un arbre gigantesque et le plantèrent à proximité de la caverne. Aux branches noueuses du colosse furent suspendus le miroir, les bijoux et les habits préparés par les soins de l’aréopage divin. Un pareil étalage ne pouvait manquer de séduire l’intraitable boudeuse et de l’amener à résipiscence.

Puis, au moment même de l’action, ne voulant rien négliger des mesures qu’ils jugeaient profitables à la réalisation de leur projet, ils entonnèrent un chœur et produisirent un concert où chacun fit concurremment sa partie de fifre, de tambour, de cymbale et de harpe. Les instruments étaient accompagnés de chants de coqs, dont les vocalises sonores ne s’interrompaient pas un instant. Cet orchestre, aussi bruyant qu’imprévu, était dirigé par la déesse Ousoumé, laquelle, d’ailleurs, cumulait ses fonctions de musicienne avec celles de danseuse. À ce propos, ouvrons une courte parenthèse : par une singulière analogie, en Égypte, encore aujourd’hui, quand une éclipse de lune ou de soleil se produit, la population, frappant sur mille