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dans l’histoire de la religion nationale. C’est elle qui inaugure la troisième et dernière période de l’ère théogonique, c’est-à-dire celle des dieux modernes.

En effet, Amatéras, exaspérée des luttes continuelles auxquelles les divinités de la Terre se livraient sans vergogne, résolut d’y couper court en remettant la garde du royaume terrestre à l’un de ses petits-fils. En même temps elle lui confiait les trésors merveilleux qu’elle avait reçus jadis, et notamment le miroir, emblème de sa lumineuse majesté, et l’épée arrachée à la queue du dragon par le bouillant Sousanao.

Disons également, à ce propos, que ces trophées incomparables sont encore précieusement conservés dans la famille impériale.

Aussitôt que Ninigni-no-Mikoto, — tel était le nom de ce fils destiné à jouer le rôle de pacificateur, — eut opéré son entrée dans le royaume appelé à devenir le sien, le ciel, dont les demeures infinies se trouvaient encore à une faible distance de la terre, s’éloigna lentement de notre fange, et s’arrêta aux limites incommensurables qu’il occupe présentement.

D’après les traditions shintoïstes, Ninigni serait, ni plus ni moins, le propre bisaïeul de Jimmou Tenno, qui vécut 660 ans avant notre ère et qui passe pour avoir été le premier empereur du Japon. Dorénavant, les fonctions des anciens dieux dépossédés consistent simplement à scruter les consciences humaines, comme à peser le bien et le mal qui s’attachent à leurs plus secrètes pensées. En d’autres termes, ils ne font plus