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grands, en mémoire des dieux secondaires qu’ils regardaient comme leurs ancêtres, la famille mikadoniale conserva la haute main.

Quant au vulgaire, bien qu’il se considérât lui-même indistinctement comme issu des dieux Izanagi et Izanami, il était résolument écarté des temples. Ses pratiques religieuses n’avaient rien de commun avec le culte officiel, exclusivement réservé aux gouvernants. En d’autres termes, il demeurait complètement étranger à la lithurgie du shintoïsme, dont il ignorait jusqu’aux symboles.

Le Shintoïsme manque, d’ailleurs, essentiellement du caractère attaché par nous, en général, à toute religion reconnue telle.

En effet, si, comme nous l’avons vu, le Kojiki a créé sa légende dans le seul but de diviniser la personne des souverains japonais, il s’est formellement abstenu de formuler des règles de doctrine, d’imposer des pratiques, de tracer un rituel. Aucune morale ne tend à s’en dégager, aucune maxime n’y est signalée. C’est la religion du libre arbitre, de la libre pensée, par excellence, en dehors du point capital qui en a été pour ainsi dire la raison d’être.

Aujourd’hui, le culte qui s’est peu à peu greffé sur ce rameau dynastique se réduit aux fêtes consacrées à chaque divinité vulgarisée par la suite des siècles et comme tombée dans le domaine public. Les fidèles s’y associent par des réjouissances bruyantes et par des offrandes multipliées. Mais, là se borne toute leur ferveur.