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Les temples et chapelles ne sont du reste construits que de bois blanc, sans revêtement de peinture, aussi dépourvus de décorations que le culte même est dénué de cérémonies.

Bref, c’est une religion fort subtile où le panthéisme, comme le déisme, peut trouver son compte. Un abri pour prier et voilà tout. Le reste est à la discrétion absolue du zélateur.

Si l’on se demande quel profit moral peut résulter de ce système religieux, nous dirons qu’il ne saurait y avoir de question sur ce sujet, puisque les Japonais sont tous issus des dieux et possèdent par conséquent en germe la notion du bien et du mal. Il leur suffira de suivre « la voie des dieux » (kami no mitchi)[1], c’est-à-dire de se conduire eux-mêmes à l’imitation des ancêtres. En agissant ainsi, ils seront toujours sûrs de ne pas faillir à leur propre origine et de ne pas démériter à leurs yeux. « S’il en était autrement, l’homme éclairé par l’exemple, deviendrait inférieur à la brute qui, elle au moins, dans un ordre de choses plus terre à terre, sait toujours ce qu’elle est en mesure de faire et ce qu’il lui faut éviter. Il n’y a d’exception à cette loi que pour les régions non soumises à la protection directe d’Amatéras, c’est-à-dire pour les pays étrangers au Japon. Là, les mauvais esprits ont tellement corrompu les hommes, qu’une règle de morale y est devenue nécessaire. »

  1. Kami est un terme générique pour désigner les divinités du Shintoïsme.