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future et d’après laquelle tout être ayant atteint sa plus grande perfection doit aboutir au Nirwana, c’est-à-dire au complet anéantissement, elle l’accepte, mais en la dénaturant.

Elle reconnaîtra, en effet, que les châtiments de l’enfer et les récompenses du paradis ne sont pas sans fin. Ainsi, au bout d’un certain temps d’épreuves, les âmes des méchants émigreraient dans le corps des animaux, pour repasser de nouveau dans celui d’êtres humains. Là, elles pourraient, encore, travailler à leur bonheur éternel, lequel est, comme on sait, l’absorption dans le Nirwana. De même, en ce qui concerne les habitants du paradis, — c’est-à-dire les hommes qui, malgré une vie sans reproche, ne se sont pas distingués par des vertus assez exemplaires pour aboutir directement au Nirwana, — ils ne séjourneraient que provisoirement dans ce lieu de délices et seraient renvoyés sur la terre pour parvenir enfin par la sainteté de leur existence à l’anéantissement final.

Mais où les croyances japonaises s’écartent complètement de la théorie bouddhiste, c’est relativement au caractère même de cette métamorphose.

En effet, par une contradiction singulière, une fois anéantis, les hommes deviennent des dieux invoqués sous le nom de « hotoké. » Ils partagent le séjour du ciel avec les Kamis primitifs qui sont, eux, de nature exclusivement divine.

Nous retombons donc ici, comme il est facile d’en juger, dans la méthaphysique shintoïste, en raison