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d’une concession faite à la philosophie locale, puisque Sakya assigne indistinctement à tous les êtres un anéantissement absolu, incompatible avec cette idée de survie éternelle. En d’autres termes, la théorie, au fond athée, professée par le bouddhisme, est devenue, au contact de la théologie shintoïste, un panthéisme véritable en parfaite opposition avec la pensée même du Bouddha.

Nous avons vu que le panthéon hétérogène des bouddhistes japonais comprend 33,000 divinités ; aussi, pour honorer cette foule innombrable de dieux, la dévotion publique a-t-elle semé les temples à tous les coins de l’Empire. Bien que les « Mya » shintoïstes et les « Tera » bouddhistes soient, sans distinction, fréquentés par tous les croyants, le peuple se porte cependant plus volontiers vers les « Tera ». Mais ce n’est point, nous le répétons, par un sentiment unique de piété. Le luxe théâtral des enclos et le faste des cérémonies y contribuent pour la plus grande part.

Le Japonais ne s’abandonne pas à l’adoration mystique proprement dite. S’il adresse une prière à son dieu de prédilection, c’est uniquement pour obtenir une faveur toute temporelle. Demeuré fidèle, sans le savoir, aux anciennes traditions shintoïstes, il vénère ses propres divinités à travers le mirage d’un culte qui le séduit et qui le retient. Les hommages qu’il leur témoigne consistent principalement dans des pratiques bruyantes et dans des pèlerinages aux temples et aux tombeaux. Bref, c’est le « Matsouri, » ou fête pério-