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doit le premier Daïboutz en bronze, c’est-à-dire la première statue monumentale du Bouddha. Sous de pareilles auspices, les prêtres étrangers immigrent par centaines au Japon. En peu d’années, ils ont bientôt fait de constituer ce clergé absorbant et ambitieux qui deviendra plus tard un instrument redoutable aux mains des Shogouns, et contre l’influence duquel le gouvernement des Mikados restaurés cherche encore à réagir aujourd’hui, en provoquant, par tous les moyens dont il dispose, la restauration de l’ancienne religion d’État.

Quelques chiffres prouveront l’extension considérable atteinte graduellement par le culte bouddhiste sur le territoire du Japon. Au temps de l’impératrice Jito, c’est-à-dire moins d’un siècle après les premiers encouragements donnés à la nouvelle confession, le nombre des temples monte déjà à 545. A l’avènement de Go-Ouda (1275-1287), il s’élève à 11,037, desservis par huit sectes différentes. À cette époque, les bonzes disposent de véritables milices et ne craignent pas d’entrer en lutte contre le Mikado lui-même. On les voit ensanglanter les abords de leurs Enclos sacrés, et, enhardis par la faiblesse des souverains, vider leurs querelles à main armée. Vers la fin de la période Ossei, leur arrogance ne connaît plus de bornes. Au XIe siècle, sous le règne de Shirakawa, — prince assez peu suspect cependant d’antagonisme religieux, puisqu’il ne fit pas élever moins de cinquante mille temples ou daïboutz, — les prêtres d’Enriakou-ji viennent en corps et en armes