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présenter leurs réclamations à l’Empereur, qui les fait repousser par ses gardes.

D’ailleurs, malgré son extrême dévotion, le susdit monarque ne se dissimule plus les dangers de l’empiètement toujours croissant de ses audacieux protégés. « Il y a trois choses, dit-il en soupirant, sur lesquelles je n’ai aucun pouvoir : les inondations de la Kamogawa, les dés à jouer et les bonzes. »

Un coup de main analogue au précédent est tenté par les mêmes bonzes, moins d’un siècle plus tard. Il nécessite encore l’intervention de la force armée. Bien que les différents groupes des prêtres bouddhistes se livrent entre eux une véritable guerre d’extermination, leur nombre et leur action ne cesse de s’accroître. On les voit, mêlés à toutes les intrigues, à tous les coups de force du moyen âge japonais, jouant un rôle prépondérant dans les rivalités qui se disputent le pouvoir. Au cours du règne de Kaméyama (1260 à 1274), deux bonzes remuants sont même convaincus d’avoir tramé le massacre d’une grande famille, alors au faîte de la puissance. Le premier fut tué, le second ne dut son salut qu’à la fuite.

Ce ne sera que bien plus tard, grâce à la foudroyante intervention de Nobounaga (1542), bridant à la fois les factions politiques et les sectes religieuses, que le clergé bouddhiste se résignera à marcher de concert avec le pouvoir.

Renfermé dans les limites qui lui sont imposées par Iyéyas, il deviendra même un des plus puissants élé-