Page:Eggermont - Le Japon, histoire et religion.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 62 —

gestion du trésor national. Les Foudjiwara accaparent, il est vrai, les charges publiques, mais en même temps ils se dévouent, corps et âme, à la prospérité de l’Empire. Loin de pousser leur maître aux prodigalités dont profiteraient des courtisans vulgaires, ils s’efforcent de réfréner autant que possible d’aussi dangereuses tendances.

Pour n’en donner qu’un exemple, c’est sur leur conseil que Kwammou Tenno (782 à 805), ayant épuisé les ressources de l’État par des entreprises militaires et des constructions grandioses, finit par se rallier à un plan de rigoureuse économie. Du reste, dans tous les autres actes d’heureuse initiative de ce monarque, on reconnaît la marque de leur incontestable génie.

Mais l’apogée de la fortune des Foudjiwara ne s’annonce que sous le règne de Seiwa Tenno (859 à 876), le 56e empereur de la grande dynastie mikadoniale. Élevé au pouvoir lorsqu’il était encore en bas âge, ce prince fut placé sous la tutelle de Foudjiwara-no-Yoshifousa, sorte de grand vizir qui vivait à cette même date. À partir de ce jour, la régence constituera pour la puissante famille, une sorte de privilège héréditaire. À partir de ce jour aussi, pour mieux circonvenir la monarchie, les Foudjiwara abandonneront insensiblement le terrain militaire à d’autres compétiteurs, le jugeant moins favorable que les arcanes du palais à leur esprit de domination. Chose étonnante, dans ce pays voué au culte de la chevalerie, leur prestige n’en subira aucune atteinte.