Page:Eggermont - Le Japon, histoire et religion.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 63 —

Il grandira même à ce point, qu’aux environs de l’année 880, nous verrons Foudjiwara-Moto-Tsouné oser détrôner l’empereur Yozei, sous prétexte qu’il est injuste, et déterminer bientôt le nouvel empereur Ouda Tenno, à créer la charge sans précédent de « Kwambakou », c’est-à-dire « gardien des verrous impériaux. » Cet emploi, comme on peut en juger, ne constituait rien moins que l’exercice déguisé de la puissance souveraine.

Dès lors, investis du droit éventuel de régence, ouvrant tous les rapports adressés à l’Empereur, ne lui soumettant que ceux qu’ils jugeaient de nature à ne point leur porter ombrage, les Foudjiwara sont devenus les seuls maîtres du Japon.

Cependant cette audacieuse usurpation faillit être compromise par le prince même qui s’y était naïvement prêté. Ouda Tenno avait élevé, au rang de ministre et de précepteur de son fils, un lettré descendant d’une famille depuis longtemps rivale des Foudjiwara. Cet homme éminent, appelé Sougawara-Mitchisané, qui unissait à la profondeur du philosophe les qualités brillantes de l’homme d’Etat, s’empressa d’éclairer son auguste pupille sur les empiètements inouïs de ses ambitieux ennemis. Mais les Foudjiwara faisaient bonne garde. La calomnie eut raison du serviteur par trop fidèle, qui fut envoyé à Tsoukoushi, avec le titre dérisoire de gouverneur.

Certaines traditions le font même mourir en exil, de misère et de désespoir.