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Daïmios ralliés. De son côté, le chef des Hojo lève un corps d’armée et vient renforcer les troupes déjà rassemblées par son gendre. La lutte recommence alors longue et acharnée. Kiyomori n’en vit pas la fin. Il mourut (1181), comme il avait vécu, avec des paroles de haine sur les lèvres, et regrettant amèrement les seuls actes de clémence que l’amour lui avait imprudemment suggérés. « Point de prières pour moi, dit-il, en expirant, à son fils Mounémori, mais que tous les miens s’unissent pour anéantir le traître Yoritomo ! Qu’ils ornent ma tombe de sa tête sanglante ! Alors, et seulement alors, mon ombre goûtera le repos. »

Ce vœu ne devait pas être satisfait. Les troupes de Mounémori furent défaites, grâce à l’intrépidité de Yoshitsouné et, par-dessus tout, à l’appoint fourni à Yoritomo par Yoshinaka, son cousin, que des motifs d’intérêt personnel avaient rallié momentanément à sa cause. L’Empereur, escorté des Taïra, se réfugia dans l’Ouest. Quant à Go-Shirakawa, resté seul à Kioto, il se mit à la tête du gouvernement d’interrègne, récompensa avec magnificence les vainqueurs redevenus ses favoris, et éleva au rang de Mikado le frère cadet de l’Empereur déchu.

C’était un grand succès pour Yoritomo. Toutefois, le valeureux représentant de la race des Minamoto n’était pas encore arrivé au faîte de sa grandeur. Il trouva en effet un compétiteur déclaré dans son ancien allié Yoshinaka, nommé, en récompense de ses services,