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se résolut-il à équiper une flotte de quatre cent cinquante jonques montées par dix mille soldats mongols qu’il jeta dans les îles de Iki et de Tsoushima. Une première fois, les troupes japonaises les contraignirent à reprendre la mer. Aussitôt, une nouvelle ambassade expédiée de Chine, et composée de neuf membres, vint déclarer qu’elle ne rejoindrait sa patrie qu’après avoir obtenu l’acte de soumission. Pour toute réponse, le Shoukkenn indigné les fit décapiter. Puis, sur tous les points du Japon, on se prépara à la résistance. Le péril était extrême. Jamais l’Empire du Soleil levant ne s’était vu en face d’un ennemi plus redoutable. Koublaï-Khan, en effet, à qui le célèbre Vénitien Marco Polo avait enseigné l’art de fabriquer des machines de guerre, équipa à nouveau des milliers de jonques en les pourvoyant de formidables engins. Cent mille Tartares, à ce qu’on rapporte, et dix mille Coréens se ruent aussitôt à une conquête assurée d’avance. Déjà, ils se sont emparés, pour la seconde fois, des îles de Iki et de Tsoushima, déjà ils ont planté leur étendard sur le rivage de Kioushiou, tout enfin semble perdu pour les Japonais, quand un formidable typhon engloutit ou disperse tous les navires ennemis, dans l’espace d’une seule nuit. A la faveur du désordre qui se répandit parmi les agresseurs, l’armée japonaise fit alors un tel carnage dans leurs rangs, que trois mille Coréens à peine purent regagner leur pays. Quant aux Tartares échappés au désastre, la légende les réduit à trois survivants seulement.