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Page:Eiffel - La tour Eiffel en 1900, 1902.djvu/30

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« N’est-ce rien pour la gloire de Paris que ce résumé de la science contemporaine soit érigé dans ses murs ?

« La protestation gratifie la Tour d’ « odieuse colonne de tôle « boulonnée ». Je n’ai point vu ce ton de dédain sans une certaine impression irritante. Il y a parmi les signataires des hommes qui ont toute mon admiration ; mais il y en a beaucoup d’autres qui ne sont connus que par des productions de l’art le plus inférieur ou par celles d’une littérature qui ne profite pas beaucoup au bon renom de notre pays.

« M. de Vogüé, dans un récent article de la Revue des Deux Mondes, après avoir constaté que dans n’importe quelle ville d’Europe où il passait, il entendait répéter les plus ineptes chansons alors à la mode dans nos cafés-concerts, se demandait si nous étions en train de devenir les Græculi du monde contemporain. Il me semble que, n’eût-elle pas d’autre raison d’être que de montrer que nous ne sommes pas simplement le pays des amuseurs, mais aussi celui des ingénieurs et des constructeurs qu’on appelle de toutes les régions du monde pour édifier les ponts, les viaducs, les gares et les grands monuments de l’industrie moderne, la Tour Eiffel mériterait d’être traitée avec considération. »

J’ai tenu à reproduire cette réplique, malgré la vivacité de sa forme, parce qu’elle rappelle l’ardeur des polémiques qui avaient été engagées au moment de la construction et les difficultés sans cesse renaissantes contre lesquelles pendant deux années j’ai eu jusqu’au bout à lutter. Mais mon projet avait deux puissants auxiliaires qui lui sont encore fidèles : le patronage des hommes connus par leur haute science et la force irrésistible de l’opinion du grand public.

§ 7. — Autres objections contre la Tour et son utilité.


Les objections les plus fréquemment mises en avant étaient quela construction elle-même était impossible, que jamais on ne pourrait lui donner une résistance capable de s’opposer à la violence du vent ; que même y arrivât-on sur le papier, on ne trouverait pas d’ouvriers capables de travailler à cette hauteur, les difficultés devant être encore aggravées