de Schleyer (à 6 fr. 25) avec ses 20,000 mots et ses 200 préfixes et suffixes, auquel vient encore s’ajouter une grammaire de 2 fr. 50, particularité qui, soit dit en passant, a nui énormément à l’extension du Volapük.
Ce dictionnaire m’a déjà fourni l’occasion, il y a quelque temps, d’écrire à une des personnalités des plus marquantes, parmi les volapükistes à l’étranger, que le Volapük n’est et ne serait jamais ce qu’il doit être si l’on ne faisait un dictionnaire de radicaux mettant quiconque à même de former soi-même tous les mots de la même famille, de même de pouvoir décliner, d’après un substantif, tous les autres substantifs, ou de conjuguer, d’après un verbe, tous les autres verbes. Je reçus comme réponse que si le monde savant entreprenait jamais le dictionnaire de Schleyer, ce serait la perte du Volapük. C’est justement ce qui arrive en Allemagne, et la littérature des volapükistes allemands en a fourni suffisamment la preuve. Quant à l’Académie de Volapük, fondée par le Congrès de Munich, elle regarde faire et n’a, depuis près de deux ans, apporté aucune espèce de réforme. Dans ces conditions, doit-on trouver mauvais, si par amour de la chose, je me suis occupé d’autres systèmes de langues universelles ? C’est le parti qu’a pris également Jules Lott qui a propagé autrefois le Volapük à Vienne — comme je l’ai fait à Nuremberg deux ans auparavant — dans son excellente brochure : « Le Volapük est-il la meilleure et la plus simple solution du problème d’une langue universelle ? » question à laquelle il répond négativement. Il dit entre autres : « J’avoue franchement n’avoir la moindre confiance en cette Académie, puisque Schleyer, en sa qualité de grand-maître (cifal), ne veut admettre aucune amélioration, et la plus grande partie des membres de cette Académie sont complètement d’accord, sur ce point, avec lui. Pas de réformes ! Pour motiver mon jugement sévère, je ferai remarquer qu’elle a été son inactivité pendant un an ; pour moi, toute amélioration réelle de la langue de Schleyer, de la part des volapükistes, est tout à fait impossible, parce que l’inventeur, en la concevant, a fait fausse route, et a mis, en un mot, la charrue avant les bœufs ».
Je pense que cette façon de s’exprimer, de la part d’un des volapükistes les plus marquants, est assez significative !