s’appliquait à chaque chose se prêtant ou étant destinée à être réunie avec une autre chose (voyez à ce sujet Maimonides More nebuchim, chapitre 6), comme par exemple dans l’Exode C. 26, V. 3 : « Les cinq rideaux du tabernacle doivent être assemblés ischah æl achothah », une femme avec sa sœur, ce que nous traduisons par « l’un avec l’autre » rideau étant du masculin en allemand, mais du féminin en hébreu. Dans une langue universelle, tous nos efforts doivent tendre à limiter le nombre des mots au minimum indispensable. Ainsi le mot ricevi du Dr Esperanto suffit pour rendre le mot recevoir que nous traduisons en allemand de cinq manières différentes. Il est vrai qu’en allemand nous pouvons, avec ces cinq expressions, rendre des nuances de pensées très sensibles, mais, comme je l’ai dit, il ne faut pas chercher une telle subtilité pour une langue universelle, il ne faut pas chercher non plus à en faire une langue où chacun pense ou traduise à sa manière : 1o cette subtilité est inutile, parce que la façon dont la phrase est conçue, son enchaînement indiquent déjà immédiatement quel en est le sens et comment l’on doit la rendre dans sa langue maternelle ; 2o une telle division de mots rendrait l’étude d’une langue artificielle aussi difficile que celle des langues naturelles et prêterait facilement à la critique ; 3o c’était une des erreurs de Schleyer, au point de vue lexicologique, de ne pas prendre en considération ceci, que bien souvent, là où une nation divise l’idée, l’autre ne le fait pas et qu’une division faite ainsi d’après la langue allemande, comme c’est toujours le cas en Volapük, ne favorise que celle-ci sans tenir compte des langues de toutes les autres nations qui sont cependant intéressées dans une large mesure à cette question de langue universelle. Ainsi pour n’en donner qu’un exemple, pour les expressions allemandes traduisant paresseux, nonchalant : faul, unfleissig, träge, lässig, nachlässig, verdrossen, fahrlässig, etc., le seul mot faul est suffisant parce qu’à cette idée principale se rattachent toutes les idées subséquentes dont l’explication se trouve déjà dans la teneur générale de la phrase. Le Dr Esperanto n’a même pas un mot spécial pour paresseux parce qu’il en a déjà un pour appliqué qui est diligenta d’où par antithèse pour paresseux, maldiligenta ce que
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