Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/111

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dans son flanc, comme une âme, éventrée là, sur les roches mauvaises !…

La Marie-Jeanne va tout doucement maintenant qu’elle sait, chancelant comme une femme ivre. Et soudain toutes les faces dans le groupe se tournent de son côté. Le brigadier Bernard monte précipitamment vers elle et s’efforce de la renvoyer.

— J’veux vouère mon homme !

— Mais il ira chez vous… tout à l’heure…

— J’veux l’vouère tout d’suite !

— Allons, allons, Marie-Jeanne, vous frappez point… venez avec moi…

— J’veux vouère mon homme que j’vous dis !

Bernard l’a saisie au bras et cherche à l’entraîner. Elle se débat avec force, entêtée par la résistance.

— Pourquoi qu’il vient pas à cte heure ?

— Il est occupé… il travaille à sa barque…

Alors Marie-Jeanne fixe ses regards sur le visage ambigu du douanier ; ses yeux se dilatent ; elle crie :

— J’veux vouère mon homme ! J’veux vouère mon homme ! et dévalle au galop vers la plage.

Personne ne se met en travers. Elle passe entre les cous tendus. Des hommes à genoux se redressent. Elle heurte un corps par terre, s’immobilise, les