Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/133

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Ils faisaient tout avec la lenteur minutieuse des marins, sans parler, parce que la nuit rend les hommes taciturnes.

Un moment encore le vieux surveilla la rotation tranquille de la lanterne, tandis que Jean-Baptiste se penchait aux fenêtres où son regard se heurta aux ténèbres drues. Il ne devina même pas la terre au-dessous de lui, ni le sémaphore où dormait la Gaude. Il semblait que la mer battît directement les murailles de la tour, comme si, depuis hier soir, elle avait dévoré l’île.

Pas d’étoiles, non plus, pour faire un ciel à la nuit.

Seulement l’océan, immense et formidable, parce qu’on le sentait, qu’on l’entendait sans le voir, avec des feux rouges de phares vacillant bas et très loin. Et le mystère et la peur dégagés par cette invisible présence, troublaient vaguement l’esprit des hommes.

Sémelin écouta quelque temps le silence, avec ses sens subtils, comme ceux des bêtes, d’homme qui vit en pleine nature. Le phare tournait avec une régularité magnifique, — éternelle, — en fauchant les ténèbres. Par intervalle, les coups de bec d’un oiseau frappaient aux vitres, là-haut, comme un doigt. Satisfait, Sémelin s’assit sur une marche de l’escalier de bronze, roula une chique et dit :