Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/155

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plus chez Zacharie autour des cartes, et les vieux le plaisantaient. D’ailleurs la grande Bourrache descendait avec lui tous les soirs sur la jetée, à l’heure où les gars et les filles causent par couple, le long des filets bleus qui sèchent en grésillant.

Généreuse de sa chair, contente d’être satisfaite et d’appartenir à un beau garçon, elle triomphait naïvement dans la faute. La moue de ses compagnes et la joie de son corps lui suffisaient. Elle n’avait jamais rien réclamé à Jean-Baptiste et il n’avait point songé à donner parce qu’il n’était pas amoureux d’elle. Mais, vers la fin de son congé, elle lui demanda brusquement un cadeau en témoignage de leurs amours.

— Tu vas t’ n’aller, dit-elle, j’ai seulement ren de toi ; et quand c’est-il que j’ te reverrai !

Il ne répondit point, mais il pensa tout soudain que ce serait gentil de rentrer au Pilier avec un bijou qu’il offrirait à la Gaude, quelque chose qui plairait à une femme, qui la ferait belle… Et il interrogea la fille :

— Qu’est qu’ t’aimerais pour toi ?

Elle regarda vaguement devant elle, voyant, dans son désir, trop de choses ou peut-être bien aucune, et dit :

— Ah ! c’ que tu voudras, faut qu’ce soit une surprise !

Et elle l’embrassa à pleines joues, comme une