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Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/235

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…Et puis, sans cesse de la foule, du mouvement ; des auberges où l’on braille, des marins qui le remorquent à leurs bras ; encore des auberges et du feu partout dans la nuit, de la pétarade, du feu qui monte dans les étoiles, qui embrase l’eau ; de la musique, des cris, des cris…

Plus rien pendant longtemps. Un trou dans l’existence. P’tit Pierre dormait pesamment sur un tas de voiles, à bord du Laissez-les dire. Un mouvement très doux berçait le sloop. Le flot clapotait le long de la coque. P’tit Pierre rêvait.

Il est embarqué sur un grand navire qui le roule à la mer depuis des mois, et dans le sillage jouent des monstres marins qui ont la tête barbue de Tonnerre, le baigneur. Il double le cap Horn, emmitouflé dans les maillots tricotés par sa mère ; l’eau gèle sur les vergues en lames claires. Puis il aborde une terre chaude où l’on vit, le torse nu, avec des sauvages, des singes et des perroquets sous des arbres qui donnent de la farine et du lait. Bientôt un vaisseau de guerre arrive, tire le canon et organise des fêtes pour distraire les équipages. Il joute à l’aviron avec les marins de la Flotte ; il est vainqueur et l’amiral l’emmène dans son canot, à bord du cuirassé, pour le festoyer. Toute la nuit on boit et on chante ; il écoute la chanson et reprend le refrain :