Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/246

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Mais P’tit Pierre battait l’eau nerveusement et s’épuisait, tandis que les cheveux noirs d’Olichon s’éloignaient régulièrement. Déjà son remous ne l’atteignait plus. C’était la défaite. Alors tournant la tête et nageant de biais, comme s’il ne voyait pas sa route, P’tit Pierre se jetait résolument contre un corps-mort.

Quelqu’un criait :

— Attention !

P’tit Pierre poussait une plainte et s’accrochait à un canot. Perchais le rejoignait à la godille, l’embarquait. P’tit Pierre avait une grosse mâchure au coude, mais ne pleurait pas et regardait seulement Olichon qui abordait la jetée.

Perchais se grattait la tête d’un air bonhomme, tapotait le bras du gamin et jetait vers le triomphateur :

— Ça compte pas ! Bernard s’a fait mal !

On entendait Olichon ricaner :

— Oh là là ! poule mouillée !

Et il replongeait, par fanfaronnade, pour regagner son bord à la nage, tandis que Perchais emmenait son mousse boire la goutte chez Zacharie.

Les premières fois, P’tit Pierre fit la grimace sur le « taco » que les pêcheurs avalent d’une lampée, sans goûter, parce que la satisfaction n’est pas pour eux dans la saveur de l’alcool, mais dans l’ivresse