coups de godille, Théodore accosta le quai, en face.
Le port est un étier long de deux kilomètres, ouvert sur la mer à l’est de l’île et fermé, au delà du chantier Goustan, par une écluse qui sert à irriguer les salines.
Sur la rive gauche est groupé Noirmoutier, petit amas de maisons blanches coiffées de tuiles que dominent le cube granitique du château massif, fendu de meurtrières, sommé de toits pointus, et le clocher roman, lourd, parmi les touffes vibrantes des grands ormeaux.
De l’autre côté, à droite, c’est le marais plat, quadrillé, fuyant jusqu’aux plages de l’ouest que bat la mer du large. Des silhouettes de moulins, comme de hauts bonshommes qui se font signe les bras au ciel, repèrent la plaine ; des meules de sel frais éclatent d’une blancheur de neige dans la lumière.
Les cultures sont rases, cachées aux plis du terrain, car la brise étrille rudement les plus hautes ; et des arbres apparaissent, couchés sous le vent ainsi que des fumées. Ici et là, on découvre un âne confondu avec les champs roussis.
Le long du quai deux dundees ventrus chargeaient des pommes de terre. À bord les chiens dormaient et les femmes épluchaient des légumes sous une voile. Partout des matelots arrosaient