Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/29

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— Allons, allons, concilia Beaulieu, faut point souhaiter le mal.

— Crois-tu que nous sommes pas assez de pêcheurs à l’Herbaudière, qu’il y a seulement pus d’sardines ! Et Coët est pilote comme mon frère, crois-tu qui va pas lui manger son pain maintenant qu’il a une barque !

Le Nain grogna d’approbation en bouchonnant son collier de poils rêches. Mais Perchais, pour remettre les choses au point, affirma d’assurance :

— On lui flanquera toujours ben une frottée aux régates !

— À savoir !… fit le Nain.

— À savoir tu dis ! Ah ! nom de Dieu !

Échauffés, ils ordonnèrent une seconde tournée. Mais brusquement retentit l’éclat de deux gifles. Le béret au nom de Marseillaise vola et des brins rouges du pompon s’éparpillèrent. La Gaude se défendait contre Piron.

— En v’là un salaud ! ça lui suffit pas d’rigoler comme ça !

La chaleur s’amassait dans la salle avec la fumée des cigarettes. Des flaques luisantes tachaient la table où circulait le paquet de tabac. Les buveurs s’approchaient coude à coude et se criaient mutuellement dans le visage, tandis que les antiques besoins de suprématie et les haines animales dé-