Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/285

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factotum eût atteint la porte, Grandcourt tourna un peu la tête et fit entendre un « oh ! » des plus languissants.

— Qu’est-ce ? demanda Lush assez peu respectueusement.

— Fermez la porte, je vous prie. Je ne puis parler dans le corridor.

Lush obéit et prit une chaise. Après une légère pause, Grandcourt dit :

— Miss Harleth est-elle à Offendene ?

— Mais je ne sais pas, répondit Lush en feignant l’indifférence. On dit que sa famille est complètement ruinée. Les Gascoigne aussi ont perdu leur fortune. Il paraît que cela est dû à de mauvaises affaires de banque. La mère n’a plus le sou. Elle doit aller avec ses filles se confiner dans un cottage, comme il convient à de pauvres gens.

— Ne mentez pas, s’il vous plaît ; cela ne m’amuse pas et ne répond à aucun but.

— Je ne vous comprends pas, dit Lush sur un ton plus acerbe que d’habitude.

— Dites-moi la vérité, voulez-vous ?

— Je n’invente rien ; plusieurs personnes m’ont raconté cette histoire, et même Bazley, l’homme d’affaires de lord Brackenshaw. Il cherche un nouveau locataire pour Offendene.

— Je ne parle pas de cela. Miss Harleth y est-elle, oui ou non ?

— Sur mon âme, je ne saurais le dire, repartit Lush presque de mauvaise humeur. Je sais qu’elle a accepté un emploi d’institutrice ; peut-être est-elle partie pour aller l’occuper. Mais, si vous tenez à la voir, soyez sûr que sa mère la fera revenir.

Ce sarcasme sortit sans intention.

— Envoyez Hutchins demander si elle sera chez elle demain.