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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/163

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LA CONVERSION DE JEANNE

l’espoir de l’épouse avaient cessé pour n’être plus qu’un crépuscule dans sa mémoire avant l’obscurité complète.

La vieille Mme Dempster voyait le vrai commencement de tout cela dans le manque d’habileté et de régularité de Jeanne dans la direction du ménage.

« Jeanne, se disait-elle, était toujours courant pour les affaires des autres et négligeait les siennes. Cela fâche un homme ; à quoi sert qu’une femme soit aimable et très prévenante pour son mari, si elle ne prend pas soin de tenir la maison comme il l’aime ; si elle n’est pas là quand il a quelque chose à demander ; si elle ne se conforme pas à tous ses désirs, quelque frivoles qu’ils soient ? Voilà ce que j’ai fait comme épouse, quoique je ne fisse pas moitié autant d’étalage de mon amour pour mon mari. Puis Jeanne n’a point d’enfants !!… » Ah ! Maman Dempster touchait là la véritable corde, non pas peut-être de la cruauté de son fils, mais de la moitié du malheur de Jeanne. Si elle avait eu des bébés à bercer — de petits êtres à mettre à genoux pour leur faire dire leurs prières — les deux bras de petits garçons et de petites filles à mettre autour de son cou pour essuyer de ses baisers leurs larmes : son pauvre cœur affamé aurait été rempli d’un puissant amour et n’aurait jamais senti le besoin de ce poison ardent pour calmer ses aspirations. Qu’elle est puissante, la