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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/175

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LA CONVERSION DE JEANNE

Bientôt Dempster appela à voix haute : « Jeanne ! » Elle monta.

« Ici ! Prenez ça ! dit-il aussitôt qu’elle fut à la porte, en lui jetant l’habit qu’elle avait préparé, et une autre fois laissez-moi faire ce qui me convient, entendez-vous ? »

L’habit, lancé avec force, effleura l’épaule de Jeanne et alla tomber dans le salon, dont la porte ouverte était en face. Jeanne se retira avec précipitation en voyant arriver le gilet ; l’un après l’autre, tous les habits furent jetés dans le salon.

Le visage de Jeanne s’enflamma de colère, et, pour la première fois, son ressentiment l’emporta sur cette fierté qui lui faisait cacher ses griefs à tout le monde. Il y a des moments où, par quelque étrange impulsion, nous contredisons tout notre passé, des moments de fatalité où un accès de colère, comme un courant de lave, détruit l’ouvrage de nos vies. Jeanne pensa : « Je ne ramasserai pas les habits ; ils resteront là jusqu’à ce que les invités arrivent ; au moins Robert sera honteux de lui-même ».

On heurta à la porte et elle se hâta de s’asseoir au salon, avant que quelque domestique entrât et enlevât les vêtements, qui gisaient en partie sur la table et en partie sur le plancher. M. Lowme entra avec un visiteur moins familier, un client de Dempster, et, l’instant après, Dempster parut lui-même.

Ses regards tombèrent aussitôt sur les habits,