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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/176

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

puis se tournèrent avec une expression de haine concentrée sur Jeanne, qui, encore enflammée, affecta de ne pas s’en apercevoir. Après avoir touché la main de ces messieurs, Dempster sonna.

« Enlevez ces vêtements, » dit-il au domestique.

Pendant le dîner, Jeanne conserva un air d’indifférence ; elle essaya de paraître très animée, riant et parlant plus qu’à l’ordinaire. En réalité, elle se sentait comme si elle avait défié un animal féroce entre les quatre murs de sa loge et que lui se tapît en arrière pour se préparer au saut mortel. Dempster affecta de ne pas faire attention à elle, parla sans discontinuer et but solidement.

Vers onze heures, la société se sépara, à l’exception de M. Budd, qui était arrivé après le dîner et paraissait disposé à rester pour boire encore. Jeanne commença à espérer qu’il resterait assez longtemps pour que Dempster devînt lourd et inerte et tombât endormi dans la salle d’en bas, ce qui était rare, mais terminait de semblables soirées. Elle dit aux domestiques de ne pas veiller plus longtemps, et elle-même alla se mettre au lit, essayant de croire que la journée était finie pour elle. Mais elle ne put réussir à s’endormir. Tout ce qu’elle avait pris dans la soirée excitait ses sensations et ses appréhensions avec une nouvelle vivacité. Son cœur battait violem-