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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/194

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

mettait à même de donner des consolations à d’autres. Son regard se représenta à elle avec une vivacité plus grande qu’il ne l’avait eue pour elle en réalité ; certainement il en savait plus que les autres hommes sur les secrets de l’affliction ; peut-être avait-il quelque consolation différente des phrases qu’elle avait eu l’habitude d’entendre. Elle était fatiguée, elle était écœurée de ces consolations. — Faites le bien et conservez votre conscience pure, et Dieu vous récompensera, et vos chagrins seront plus faciles à supporter. Elle manquait de force pour bien faire, elle manquait de quelque chose pour appuyer ses résolutions ; le sentier derrière elle n’était-il pas jonché de résolutions rompues ? Comment pourrait-elle se fier à de nouvelles ? Elle avait souvent entendu rire de M. Tryan, qui aimait les grands pécheurs. Elle commença à voir une nouvelle signification dans ces paroles ; il comprendrait peut-être sa désolation, son besoin de secours. Si elle pouvait lui ouvrir son cœur ! si elle pouvait lui faire lire dans son âme !

La disposition à la confession demande en général un auditeur nouveau et d’un cœur nouveau ; et, dans nos moments de besoin spirituel, l’homme avec lequel nous n’avons aucun autre lien que notre commune nature nous paraît plus rapproché que mère, frère ou ami. Notre vie de tous les jours n’est qu’une manière de