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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/301

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LA CONVERSION DE JEANNE

devait se soumettre. L’assurance de sa sympathie, de ses enseignements, de son aide pendant toute sa vie à elle, aurait été pour elle un commencement de félicité céleste, une délivrance de la crainte et du danger ; mais le temps n’était pas encore venu pour elle de reconnaître que l’empire qu’il avait pris sur son cœur de femme était autre que celui d’un ami envoyé du ciel, d’un ange venu dans la prison, pour détacher ses liens et la conduire par la main, jusqu’à ce qu’elle pût voir derrière elle les portes affreuses qui l’avaient naguère enfermée.

Avant la fin de novembre M. Tryan avait dû renoncer à sortir. Une nouvelle crise était survenue ; la toux avait changé de caractère, et les plus effrayants symptômes se montrèrent si rapidement que M. Pratt commença à penser que la fin viendrait plus vite qu’on ne s’y attendait. Maintenant Jeanne veillait constamment sur le malade, et personne ne pensait qu’elle fît autre chose que remplir un devoir sacré. Elle fit de Holly Mount sa demeure, et, avec sa mère et Mme Pettifer, elle remplit ces jours et ces nuits pénibles de toute l’influence adoucissante que les soins et la tendresse peuvent inventer. Il y avait dans la chambre du malade bien des visites, qu’y amenait une affection respectueuse, et il n’y eut personne qui ne conservât un vif souvenir de ce spectacle — de cette pâle figure assise dans le fauteuil (car il resta assis jusqu’à la dernière