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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/303

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LA CONVERSION DE JEANNE

Il n’y avait personne qu’elle, là, et les yeux du malade la suivaient, tandis qu’elle se mouvait avec la grâce qui lui était naturelle et que le feu éclairait de temps en temps son visage et donnait un éclat inusité à sa beauté.

« Jeanne », dit-il bientôt de sa voix éteinte — il l’appelait toujours Jeanne maintenant. À l’instant elle fut près de lui. Il ouvrit la main tandis qu’il levait les yeux vers elle, et elle y plaça la sienne.

« Jeanne, répéta-t-il, vous aurez une longue vie devant vous, quand je serai parti. »

Soudain un élan de crainte s’empara d’elle.

Elle pensa qu’il se sentait mourir et elle tomba à genoux, en tenant sa main et en le regardant, presque sans respirer.

« Mais vous ne sentirez pas le besoin de mon aide, comme vous l’avez fait…… Vous avez une confiance…… certaine…… en Dieu…… Je ne vous chercherai pas en vain au dernier moment.

— Non…… non…… j’y serai…… Dieu ne m’abandonnera pas. »

Elle put à peine articuler ces paroles, quoiqu’elle ne pleurât pas. Elle attendait avec une inquiétude tremblante ce qu’il pourrait avoir à dire de plus.

« Embrassons-nous avant de nous séparer. »

Elle mit son visage près du sien, et ses lèvres roses rencontrèrent les lèvres pâles du mourant dans un baiser rempli de saintes promesses.