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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/38

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

dames recouvraient d’une toile noire, destinée à donner plus de solidité à la nouvelle bibliothèque circulante de Paddiford. Miss Linnet, dont l’écriture était un modèle de zigzags fort réussis, était assise à une petite table, où elle écrivait des étiquettes de papier vert, destinées à être placées sur les couvertures. Miss Linnet avait d’autres talents que celui d’écrire nettement, et l’on pouvait en trouver l’indication dans les ornements de sa chambre. Elle avait toujours combiné l’amour des lectures sérieuses et poétiques avec son habileté aux ouvrages de fantaisie, et ses exemplaires bien reliés du Virgile de Dryden, des Drames sacrés de Hannah More, du Naufrage de Falconer, de la Connaissance de soi-même de Mason, de Rasselas et Du Sublime et du Beau de Burke, qui étaient les principaux ornements de son étagère, portaient tous son nom et avaient été achetés de son argent de poche, lorsqu’elle n’avait pas encore vingt ans. Il devait s’être écoulé au moins quinze ans depuis le dernier de ses achats ; mais l’habileté de miss Linnet dans les ouvrages de fantaisie paraissait avoir passé par un plus grand nombre de phases que son goût littéraire ; car les boîtes de laque, les paniers en cristallisation ou en cire à cacheter, les éventails, les paysages « transportés » sur des écrans, et les récents bouquets de fleurs en cire, montraient une inégalité de fraîcheur qui les faisait attribuer à des périodes fort loin-