Aller au contenu

Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LA CONVERSION DE JEANNE

place dans son fauteuil, sans que la nuit précédente lui ait laissé des souvenirs pénibles à dissimuler.

« Je déclare que petite mère paraît plus jeune que Mme Crewe, qui n’a que soixante-cinq ans, dit Jeanne. Mme Crewe viendra nous voir aujourd’hui, petite mère, et nous racontera tous ses embarras à l’égard de l’évêque et de la collation. Elle apportera son tricotage, et vous aurez une bonne causerie ensemble.

— La causerie sera toute d’un côté, alors, car Mme Crewe devient si sourde que je ne puis lui faire entendre un mot. Et, si je me rapproche d’elle, elle me comprend toujours mal.

— Oh ! elle aura tant de choses à vous dire aujourd’hui, que vous n’aurez pas besoin de parler vous-même. Vous, qui avez la patience de tricoter ces étonnantes courtepointes, petite mère, vous ne devez pas perdre patience avec la chère Mme Crewe. Bonne vieille dame ! elle n’est que trop disposée à se croire importune. Je crois vraiment qu’elle voudrait se réduire à la taille d’une souris, afin de pouvoir courir partout et faire du bien aux gens sans qu’ils fissent attention à elle.

— Ce n’est pas de patience dont j’ai besoin, Dieu le sait ; c’est de poumons, pour parler assez haut. Mais je suppose que vous serez vous-même à la maison ce matin et que vous pourrez lui parler à ma place.