Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/155

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ce serait un grand bien que la propagation de telles écoles dans le pays. Un homme né en province, ayant tant soit peu d’esprit civique et quelques idées, devrait tout faire pour résister à ce courant fâcheux qui entraîne à Londres tout ce qui est un peu au-dessus du médiocre. Un but élevé, dans une profession quelconque, peut souvent trouver en province un champ d’action plus libre, sinon plus riche.

L’un des dons particuliers de Lydgate était une voix habituellement profonde et sonore, susceptible pourtant à l’occasion d’une douceur pleine de charme. Il portait dans son maintien habituel une certaine fierté, une conviction intrépide du succès, une confiance dans ses propres forces et dans sa droiture qui fortifiait son dédain pour les petits obstacles et les tentations dont il n’avait pas encore fait l’expérience. Mais une sincère expression de bienveillance rendait tout à fait charmante cette orgueilleuse franchise.

M. Bulstrode aimait peut-être en lui cette attitude et ces façons si différentes des siennes ; mais ce qu’il aimait certainement, tout comme Rosemonde, c’est qu’il était étranger à Middlemarch. On peut entreprendre tant de choses avec un nouveau venu ! On peut même entreprendre de devenir meilleur.

— Je me réjouis d’avoir à donner à votre zèle plus d’occasions de se déployer, répondit M. Bulstrode ; je veux dire, en vous confiant la direction de mon nouvel hôpital ; car je suis résolu à ne pas laisser entraver une œuvre aussi importante par nos deux médecins. Je suis en vérité disposé à regarder votre venue en cette ville comme une gracieuse indication qu’une bénédiction plus manifeste sera désormais accordée à mes efforts ; car j’ai rencontré jusqu’ici beaucoup de résistance. Quant au vieil hospice, nous avons gagné le premier point ; je parle de votre élection. Et maintenant, j’espère que vous ne redouterez pas d’encourir, dans une