Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/230

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vote décisif. C’est le vôtre, monsieur Lydgate ; voulez-vous avoir la bonté d’écrire ?

— C’est une affaire réglée alors, dit M. Wrench en se levant. Nous savons tous pour qui votera M. Lydgate.

— Vous semblez mettre dans vos paroles une intention particulière, monsieur, dit Lydgate en tenant son crayon en l’air.

— Je veux dire tout simplement qu’on s’attend à ce que vous votiez avec M. Bulstrode. Cette supposition vous paraît-elle offensante ?

— Elle pourrait l’être pour d’autres. Mais cela ne m’empêche pas de voter avec lui.

Lydgate écrivit immédiatement le nom de « Tyke ».

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C’est ainsi que le révérend Walter Tyke devint le chapelain de l’hospice et que Lydgate continua à collaborer avec Bulstrode. Il se demandait sincèrement si, après tout, Tyke n’était pas le candidat le plus convenable à l’emploi ; mais sa conscience ne lui disait pas moins que, s’il eût été libre de toute influence indirecte, il eût voté pour M. Farebrother. Cette affaire resta dans sa mémoire comme un point douloureux, une circonstance dans laquelle les mesquines influences de Middlemarch avaient pesé trop lourdement sur lui.

Cependant M. Farebrother continua à lui témoigner la même amitié. Le vicaire de Saint-Botolphe n’avait rien d’un pharisien ; à force de se répéter à lui-même qu’il était trop semblable à tous les autres hommes, il était devenu étonnamment différent d’eux en ceci qu’il savait excuser les autres de penser légèrement sur son compte, et qu’il savait juger impartialement leur conduite, alors même qu’ils lui faisaient tort.

— Le monde a été trop lourd pour moi, je le sais — dit-il un jour à Lydgate. — Mais aussi je ne suis pas un homme fort : je ne serai jamais un homme de renom ; c’est