Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/146

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qu’aucune question ne m’est plus étrangère et plus indifférente que celle d’un second mariage. Cela ne me touche pas plus que si vous me parliez de femmes qui chassent au renard. Que ce soit admirable ou non de leur part, je ne les imiterai pas. Laissez, je vous prie, mistress Cadwallader s’amuser de ce sujet aussi bien que de n’importe quel autre.

— Ma chère mistress Casaubon, dit lady Chettam de son air le plus important, vous ne croyez pas, je l’espère, que je fisse aucune allusion à vous, en parlant de mistress Beevor. Ce n’est qu’un exemple qui m’était revenu a la mémoire. Elle était la belle-fille de lord Grinsell, qui avait épousé mistress Teveroy en secondes noces. Il ne pouvait y avoir la d’allusion pour vous.

— Oh ! non, dit Célia. Personne n’a choisi le sujet avec intention ; c’est le bonnet de Dodo qui en est la cause. Mistress Cadwallader n’a dit que ce qui était parfaitement vrai. Une femme ne peut pas se remarier avec le bonnet de veuve sur la tête, James.

— Chut ! ma chère, dit mistress Cadwallader, je ne veux plus blesser personne. Je ne m’en référerai même pas à Didon ou à Zénobie ; seulement, de quoi allons-nous parler ? Je m’oppose, pour ma part, à ce qu’on discute sur la nature humaine, parce que rien ne ressemble plus à la nature humaine que celle de toutes les femmes de recteur.

Plus tard dans la soirée, après le départ de mistress Cadwallader, Célia dit en confidence à Dorothée :

— Vraiment, Dodo, rien que d’avoir ôté ton bonnet, tu es redevenue semblable à toi-même, et de plus d’une manière. Tu as parlé résolument comme tu le faisais autrefois, quand tu entendais dire quelque chose qui te déplaisait. Mais je n’ai pas bien pu comprendre si c’était sir James que tu trouvais dans son tort ou mistress Cadwallader,

— Ni l’un ni l’autre. Ce que sir James a bien voulu dire était par délicatesse pour moi. Mais il se trompait en suppo-