Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/266

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restes. On pourrait dire que la question de revenu seule n’est que très secondaire dans toutes les affaires de ménage, car chez Wrench tout est aussi simple que possible, et il a une clientèle très étendue.

— Oh ! si vous songez à vivre comme les Wrench ! dit Rosemonde avec un petit mouvement de cou. Mais je vous ai entendu exprimer votre dégoût pour cette manière de vivre.

— Oui, ils ont mauvais goût en toutes choses, ils font paraître laide l’économie. Ce n’est pas de cela que nous avons besoin. Je voulais dire seulement que, bien que Wrench ait une excellente clientèle, ils évitent les dépenses.

— Pourquoi n’auriez-vous pas une bonne clientèle, Tertius ? M. Peacok en avait une. Vous devriez faire plus attention à ne pas blesser les gens, et distribuer des remèdes, comme font les autres. Vous aviez certainement bien débuté, et vous avez acquis quelques bonnes maisons. Cela n’avance à rien de se singulariser, vous devriez vous préoccuper de ce qu’on aime en général, dans le public, dit Rosemonde d’un petit ton de reproche décidé.

La colère de Lydgate s’éveilla ; il était disposé à l’indulgence pour la faiblesse féminine, mais non pour des injonctions féminines. Le peu de profondeur de l’âme d’un lutin des eaux peut avoir son charme, tant qu’elle ne devient pas raisonneuse. Mais il se contint et répondit seulement avec une nuance de fermeté autoritaire :

— C’est à moi de juger ce que j’ai à faire dans ma profession, Rosy. Ce n’est pas de cette question qu’il s’agit entre nous. Qu’il vous suffise de savoir que notre revenu sera probablement très maigre, à peine quatre cents livres, peut-être moins, pour un long temps encore, et il faut que nous tâchions d’arranger notre vie en conséquence.

Rosemonde garda le silence pendant quelques instants, regardant droit devant elle, puis elle reprit :