Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/324

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gagnerait à la disparition de ces bâtisses. C’était par des propositions de ce genre que Caleb était quelquefois gênant pour ses patrons ; mais il trouvait en général Bulstrode disposé à entrer dans ses projets d’amélioration, et jusqu’ici ils avaient bien marché ensemble. Cependant, lorsqu’il reprit la parole, ce fut pour dire d’une voix un peu éteinte :

— Je reviens justement de Stone-Court, monsieur Bulstrode.

— Vous n’avez rien trouvé qui clochât là-bas, j’espère demanda le banquier. J’y étais hier moi-même. Abel a bien réussi cette année avec les agneaux.

— Eh bien, dit Caleb levant les yeux d’un air grave, il y a quelque chose qui cloche. C’est un étranger qui me paraît très malade. Il a besoin d’un médecin et je suis venu vous le dire. Son nom est Raffles.

Il vit le choc que produisirent ces paroles sur Butstrode, ébranlé dans tout son être. Le banquier avait cru que ses craintes sur ce point étaient trop constamment en éveil pour être prises au dépourvu ; mais il s’était trompé.

— Pauvre diable ! dit-il d’un ton de compassion, bien que ses lèvres tremblassent. Savez-vous comment il y est venu ?

— Je l’y ai amené moi-même, répondit Caleb tranquillement. Je l’ai recueilli dans mon cabriolet. Il était descendu de la diligence et cheminait à pied, quand je l’ai rejoint, un peu au delà du bureau de péage. Il se rappela m’avoir vu une fois avec vous à Stone-Court et me pria de le faire monter. Je vis qu’il était malade, et il me parut qu’il fallait commencer par le mettre à l’abri. Et maintenant, vous ferez bien, je crois, de ne pas perdre de temps à lui faire donner des soins. Ici Caleb s’arrêta, reprit son chapeau et se leva lentement de son siège.

— Certainement, dit Bulstrode avec la promptitude d’un esprit en éveil. Peut-être voudrez-vous bien me rendre le