Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/483

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— Il faut reconnaître qu’il y a dans son sang des éléments singulièrement mêlés, dit mistress Cadwallader. Pour commencer, le fluide de mollusque des Casaubon, puis un rebelle Polonais, ménétrier ou maître de danse, n’est-ce pas cela ? et puis un vieux…

— Laissez donc, Éléonore, interrompit le recteur en se levant. Il est temps de partir.

— Après tout, c’est un joli rejeton, conclut mistress Cadwallader désireuse, avant de s’en aller, de réparer ce qu’elle venait de dire. Il ressemble à ces beaux vieux portraits de Crichley, avant l’invasion des idiots.

— Je pars avec vous, dit M. Brooke s’empressant de se lever aussi. Il faut venir tous dîner avec moi demain, vous savez, eh, Célia, ma chère ?

— Vous voulez bien, James, n’est-ce pas ? demanda Célia en prenant la main de son mari.

— Oh ! sans doute, comme il vous plaira. C’est-à-dire, si ce n’est pas pour rencontrer quelque autre personne.

— Non, non, non, dit M. Brooke comprenant la condition. Dorothée ne viendrait pas, vous savez, à moins que vous n’ayez été la voir.

Quand sir James et Célia furent seuls :

— Cela vous contrarie-t-il, dit-elle, que je prenne la voiture pour aller à Lowick, James ?

— Comment, maintenant, tout de suite ?

— Oui, c’est très important, dit Célia.

— Rappelez-vous, Célia, que je ne veux pas la voir, dit sir James.

— Pas même si elle renonçait à se marier ?

— À quoi bon dire cela ? Je vais aux écuries. Je dirai à Briggs d’atteler.

Célia pensait qu’il était très important, sinon de dire cela, du moins d’aller à Lowick tâcher d’agir sur Dorothée. Durant toute leur vie de jeunes filles, elle s’était rendu compte