Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/489

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quelque dédommagement envers Rosemonde et son mari. Walter dit que M. Lydgate est forcé de quitter la ville où sa clientèle ne lui rapporte presque rien, et il leur reste bien peu de chose pour se fixer ailleurs. Je serais heureuse, en nous retranchant à nous-mêmes, d’offrir quelque dédommagement à la famille de mon pauvre frère.

Mistress Bulstrode ne se souciait pas d’en dire plus que ces mots : offrir quelque dédommagement. Son mari devait la comprendre, mais il avait, pour ne pas accueillir cette ouverture, une raison particulière qu’elle ignorait.

Il hésita avant de répondre :

— Il n’est pas possible de vous satisfaire, de la manière dont vous le désirez, ma chère. M. Lydgate a formellement décliné tout service que je pourrais lui rendre à l’avenir. Il m’a renvoyé les mille livres que je lui avais prêtées. Mistress Casaubon lui a avancé la somme nécessaire. Voici sa lettre.

La lettre parut faire une pénible impression à mistress Bulstrode. La mention du prêt de mistress Casaubon semblait refléter ce sentiment public qui établissait, comme un fait tout naturel, que chacun éviterait désormais d’avoir des rapports avec son mari. Elle resta quelque temps silencieuse, et ses larmes tombèrent l’une après l’autre, son menton tremblant à mesure qu’elle les essuyait. Bulstrode, assis en face d’elle, souffrait à la vue de ce visage flétri par la douleur et que deux mois auparavant il avait vu si florissant. Elle avait vieilli à demeurer dans la triste compagnie de ses traits dévastés.

Poussé à faire quelque chose pour la consoler, il reprit :

— Il y a un autre moyen, Henriette, de venir en aide à la famille de votre frère, si vous voulez vous en charger. Et ce serait, je crois, avantageux pour vous. Ce serait un moyen profitable d’administrer la terre dont je veux faire votre propriété.

Elle devint attentive.