Page:Eliot - Silas Marner.djvu/163

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pour voir si celui-ci paraissait désirer ardemment le noël, il se laissa enfin dûment redresser la tête. Alors, il se tint debout derrière la table, qu’il ne dépassait qu’à partir de sa large collerette. Il ressemblait ainsi à une tête de chérubin délivrée de l’entrave du corps. Enfin, avec la voix claire d’un oiseau, il commença la mélodie suivante dont le rythme était martelé et laborieux :

    Que Dieu vous donne la paix, gais gentilshommes,
          Que rien ne vous épouvante,
          Car Jésus-Christ, notre Sauveur,
          Vint au monde le jour de Noël.

Dolly écoutait d’un air pieux, jetant les regards sur Marner, avec une certaine confiance que ces accents contribueraient à l’attirer à l’église.

« Voilà ce qu’on appelle de la musique de Noël, » dit-elle, lorsque Aaron eut fini, et fut rentré en possession de son morceau de gâteau. « Il n’y a pas de musique qui soit à la hauteur de la musique de Noël : « Écoutez les anges, messagers célestes, chantent[1]… » Et vous pouvez juger de ce que cela doit être à l’église, maître Marner, avec le basson et le chœur. On ne peut s’empêcher de croire que l’on soit déjà dans un monde meilleur. Je ne voudrais pourtant pas mal parler de celui-ci, attendu que Ceux qui nous y ont mis en savent plus que nous ;

  1. Texte : Hark the herald angels sing. Premiers mots d’un cantique de Noël. (N. du Tr.)