Page:Eliot - Silas Marner.djvu/164

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mais quand on songe à l’ivrognerie et aux querelles, ainsi qu’aux mauvaises maladies et aux angoisses des mourants, — choses que j’ai vues maintes et maintes fois, — on est reconnaissant d’entendre parler d’un séjour plus heureux. L’enfant chante joliment, n’est-ce pas, maître Marner ?

— Oui, joliment bien, » répondit Silas distraitement.

Le noël, avec son rythme martelé, avait résonné à ses oreilles comme une musique étrange, tout à fait différente de celle d’une hymne, et ne pouvait aucunement produire l’effet auquel Dolly s’attendait. Mais Silas voulait lui montrer qu’il était reconnaissant, et la seule manière qui lui vint à l’esprit fut d’offrir à Aaron un autre petit morceau de gâteau.

« Oh, non, je vous remercie, maître Marner, dit Dolly, rabaissant les mains empressées d’Aaron. Il faut que nous retournions chez nous maintenant. Par conséquent, je vous dis au revoir, maître Marner. Si vous ressentez jamais quelque mal intérieur, et que vous ne puissiez pas travailler, je viendrai nettoyer à votre place, et j’irai vous chercher un peu de nourriture, — de bon cœur. Mais je vous demande et je vous prie de cesser de tisser le dimanche ; c’est mauvais pour l’âme et pour le corps. L’argent qui vient de cette manière est un mauvais lit de repos au dernier moment, s’il ne s’enfuit pas comme la gelée blanche, personne ne sait où. Vous m’excuserez d’avoir pris cette liberté avec vous, maître Marner,