tions, l’incarnation vivante en qui apparaît l’unité de la race ; l’impiété, l’irrespect envers les Dieux, ont de pair avec la déchéance nationale. Le souvenir et l’espérance, le passé et l’avenir par lesquels on est membre de cette collectivité dans le temps qu’on appelle une race, sont incarnés par les Dieux :
Et Hu Gadarn volait sur les vents furieux,
Illuminant l’abîme où s’enfonçait sa race
Avec le souvenir, l’espérance et les Dieux[1].
L’expression la plus haute de la vie des peuples, c’est l’art : l’art aussi est lié à la religion. Avant 1848, Leconte de Lisle s’était un jour avisé de découvrir une opposition entre Sophocle et les Dieux[2] ; mais c’est qu’alors il lui restait encore quelque chose de cette idée que où il y a des Dieux, là il y a un dogme, une autorité, une chaîne, et qu’une religion ne peut qu’entraver le libre essor de l’art. Depuis, il a acquis la conviction que chez les païens il n’en est rien ; dans Dies Iræ la poésie est représentée comme si intimement liée à la religion qu’une fois les Dieux
- ↑ Le Massacre de Mona.
- ↑ Lettre à Bénézit de juin 1847 : « L’Art ne se développe et n’atteint son apogée qu’aux époques de décadence des dogmes religieux. Phidias et Sophocle créent leurs œuvres immortelles au bruit des rires railleurs soulevés par Aristophane contre les Dieux qui s’en vont… L’Art ne brise ses fers que sur la cendre des Dieux déchus.