Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ce n’est qu’une façon de parler, vile brute !


On voit ce qu’il ajoute de son propre fond : c’est vile brute. Et cette vulgarité se retrouve en plus d’un endroit ; le poète, par instants, n’est plus qu’un fanatique mal élevé disant des injures aux catholiques. Le « songe sublime » des Ascètes est devenu un « rêve imbécile et hideux », et il n’y a pas jusqu’au discours de réception à l’Académie qui ne contienne des phrases sur « l’imbécillité d’une foi monstrueuse » et autres du même ton. Il serait irrespectueux d’insister. Il y a au fond de cette poésie aniiehélienne un vice radical qui lui enlève toute valeur, et la valeur esthétique en tout premier lieu ; c’est qu’elle consiste en une négation pure, et que la négation pure ne peut être que stérile. Anatole France a dit : « cette haine, qui est bonne pour faire des vers, serait mauvaise pour faire de l’histoire » ; mauvaise pour faire de l’histoire, certainement, mais pas meilleure pour faire des vers. La haine d’une grande chose peut être belle si au travers on sent un idéal contraire, l’amour d’une autre grande chose, opposée à celle-là. Mais ici, c’est un homme qui vient nous dire : « ceci est odieux et stupide », et nous n’apprenons en aucune façon ce qu’il croit, ce qu’il espère, l’idéal qu’il nous propose ; c’est un homme qui n’a foi en rien et qui vient ridiculiser celle des autres : et de telles