Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/234

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est d’une éloquence à transporter le monothéiste le plus endurci. C’est grand, élevé, sublime : mais aussi n’est-ce pas une négation pure. Ce poème constitue chez Leconte de Lisle une poussée de l’optimisme à travers la désespérance habituelle ; à l’idéal monothéiste il oppose sa foi dans l’homme et la puissance de la pensée ; il pose affirmation contre affirmation ; cette fois, l’amour du contraire se sent dans la haine. Trop de modernes croient qu’ils n’ont qu’à lever les poings au ciel et à crier «non credo ! » pour être des Prométhées : il faut dire à l’honneur de Leconte de Lisle qu’il a trouvé autre chose à mettre dans Qaïn.