Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/38

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pièce sur l’enfance du Christ, de Leconte de Lisle lui-même.

Voilà le chemin qu’il a parcouru. Ceux qui l’ont connu à Bourbon ne le reconnaissent plus. « Je t’envoie, écrit son propre frère à leur ami commun Adamolle, une de ses pièces de vers à un de ses amis, devenu prêtre par douleur ; lorsque tu les auras lus profondément, tu y trouveras et y admireras des idées vraiment de haute philosophie et des principes irréprochables. Quelle métamorphose ! Grand Dieu ! »[1].

Cependant, si l’on demandait : Leconte de Lisle est-il vraiment ce qu’on appelle un fidèle, un croyant catholique qui s’en rapporte à la foi de l’Église ? il ne faudrait pas hésiter à répondre non. Nous avons vu plus haut que la première condition de sa venue au christianisme, c’était précisément de savoir sa cause séparée de celle de l’Église. La question se pose donc : que croyait-il exactement ? Il avait fait une pièce de cent vers intitulée : Au croyant[2] : elle est perdue ; mais, dans les autres poésies comme dans les lettres, des allusions nombreuses, l’insistance sur certains points, des réserves ou des restrictions sur d’autres, permettent de tracer à peu près les limites de son christianisme.

À l’égard de l’Église, il faut dire que son ancienne

  1. Cité par Leblond, p. 143. Cette lettre est de 1842.
  2. Il la cite lui-même, Premières poésies et lettres intimes, p. 196.