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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/121

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VIERGES EN FLEUR

s’épouvantait. Et ce qui l’effrayait par-dessus tout, c’était le danger menaçant de ces yeux qui fouillaient, qui montaient, qui se glissaient en elle. Au risque de tomber, de se blesser peut-être, elle se serait précipitée dans le vide, sans la crainte de se dévêtir davantage et d’offrir à ces yeux encore plus de sa chair.

Philbert très lentement se dressa, leva les mains, cueillit Luce par la taille. Il la déposa frissonnante sur le sol. Mais ses doigts ne déliaient pas le lien qu’ils avaient mis aux flancs de la jeune fille ; ils prenaient un plaisir extrême à faire une ceinture à ce corps souple et jeune. Luce leva les yeux : les grimpeurs de rochers avaient disparu. Alors elle se laissa mollement fléchir, et murmura :

— J’ai peur !

Soutenant toujours Luce, Philbert doucement l’attira, et la prit en ses bras, grisé par le parfum de cette chair de vierge. Elle se dégagea brusquement, s’évada ; et de loin, la voix encore angoissée, elle cria :

— Je vous remercie bien, monsieur : j’ai eu très peur !

Philbert pour la reprendre courut à travers la grotte. Mais elle avait déjà rejoint les groupes des dames prudentes, qui s’étaient réfugiées, tout près, sur les gazons.