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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/144

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VIERGES EN FLEUR

front Luce ! Fille perdue ! Immonde créature qui se donne au passant, à l’inconnu…

— Tais-toi ! Je te bouche la gueule avec mon poing !

— Tue-moi, bandit, suppôt d’enfer, monstre, ennemi des vierges, flétrisseur des puretés, des candeurs…

L’abbé s’emportait, criait. On entendait déjà, dans les chambres voisines, des voix. Éveillés en sursaut, des gens s’inquiétaient. Quel accident troublait le calme du couvent ? Quelques portes s’ouvrirent : des lumières éclaboussèrent l’ombre.

Alors Philbert, prenant l’abbé par le bras, murmura :

— Mille excuses, messieurs et mesdames. Je faisais à l’abbé le récit d’une aventure étrange ; tout à ma narration, j’oubliais l’heure et troublais vos sommeils. Vous me pardonnerez, j’espère…

— Comment donc !

Philbert traîna l’abbé, ainsi qu’une loque, jusqu’à sa chambre.

— Mais vous êtes fou, mon pauvre ami ! Sans mon sang-froid, tantôt, vous deveniez le prêtre infâme qui court le guilledou et se collette, à la porte des filles, avec des débauchés comme moi. Là, vraiment, vous devez tout d’abord me remercier, mon cher !