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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/145

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VIERGES EN FLEUR

— Vous êtes un bandit !

— Quoi ! toujours en colère ?

— Vous avez abusé de ma confiance, de ma loyauté…

— Ah ! voici quelques mots qui vous coûteraient cher, si vous étiez un homme…

— Monsieur, je suis un homme…

— Non, un enfant. Voyez, je suis vraiment gentil, après l’injure grave que vous venez de me faire en niant ma loyauté, de ne pas vous accabler d’insultes et d’opprobre. Je répète : Un enfant ! Vous êtes un enfant. Donc, soyez rassuré, votre peau ne sera pas trouée ; on ne tient pas rigueur aux tout-petits de leurs pauvres malices. Et comme je ne suis pas un diable trop méchant, je veux mettre d’abord du baume sur vos plaies. Non, je ne vous ai pas volé Luce, qui n’est point à vous du reste. Et je ne sortais pas de son lit, comme vous l’avez cru : si j’y étais entré, l’abbé, croyez-moi bien, j’y serais demeuré jusqu’au matin, au moins. Mes appétits sont vastes. Quand je prends une femme, ce n’est pas un lunch ni une collation que je m’offre, mais un repas très long, un banquet, un festin, tels M. Balthazar, nous dit-on, s’en payait.

— Que faisiez-vous alors devant la porte de Luce ?

— Je pourrais, tout en ne mentant pas, vous