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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/146

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VIERGES EN FLEUR

dire simplement ceci : Tenté par le mystère de cette nuit d’été, j’avais voulu courir parmi les landes ; ayant trouvé portes fermées, je regagnais mon lit, très prosaïquement. Et c’est la vérité. Mais je veux ajouter, pour vous découvrir le fond de ma pensée, que j’espérais aussi pénétrer chez la belle qui n’est pas à vous, mon ami, mais qui sera à moi ! Ne vous révoltez pas. J’ai plaidé votre cause : je fus votre avocat éloquent, convaincu. Luce m’a répondu qu’elle a pour vous, certes de l’amitié ; mais elle a protesté quand j’ai parlé d’amour. Que votre cœur se résigne donc à son deuil, et laissez-moi tenter la conquête de la vierge.

— Non. Je veux la sauver du moins, la préserver de vous.

— C’est bête.

— C’est mon devoir !

— Les grands mots maintenant !… Allons-y donc. J’accepte la lutte. Vous êtes le bon ange, et moi le tentateur. Alors, c’est bien fini, notre amitié ?

— Fini !

— J’en suis tout attristé. Voyons, est-ce ma faute à moi si Luce ne vous aime pas ?… Oui, je le sais, le doute et l’illusion où vous viviez étaient meilleurs que cette certitude que je vous ai donnée.