Aller au contenu

Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
VIERGES EN FLEUR

Il ne confiait qu’à Mopsius ses états d’âme. Il gardait au savant une reconnaissance pour l’apparition que celui-ci semblait lui avoir préparée.

— Je ne veux pas, non ! je ne veux pas encore l’approcher. Il est trop tôt. Ce que je crains, en effet, c’est qu’une trop rapide connaissance ne disperse l’assimilation que chaque jour je fais d’elle avec la reine aimée. Concevez-vous cette irréparable faute : que j’aille, par une brusquerie, détruire la magie de leur unification, que je me trouve aux pieds d’une femme quelconque pour avoir voulu trop vite réaliser mon désir vers la royale idole ? Ah ! ce serait horrible.

Andréas Mopsius prenait un vif intérêt à ce phénomène d’auto-suggestion.

De cette envolée dans le bleu, Philbert rapportait en outre une aversion pour les grossièretés, les laideurs, ou seulement les primitivités de l’amour.

Une fois, comme il rôdait dans la campagne, toujours en évocation de la blonde souveraine, il croisa sur sa route un couple du pays. Lui : un solide et jeune gars, les larges pectoraux plaquant au tricot de laine, le cou musculeux et fort, les biceps roulant sous les étroites manches. Elle : une fillasse robuste et saine, de poitrine abondante, la cuisse ronde sous sa robe de