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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/278

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VIERGES EN FLEUR

futaine, la figure rougeaude au creux de laquelle se pâmaient deux grands yeux enamourés.

Philbert les observa.

Goulûment, les lèvres des deux amants se joignaient, s’écrasaient ; l’homme attirait vers lui d’une vive étreinte la taille de la fille, la ployait ; de son torse tendu, elle le frôlait, bestialement offerte.

Tous deux disparurent, enlacés, dans une anfractuosité, pour l’assouvissement,

Philbert méprisa cette violente manifestation des sexes.

Ce spectacle lui fut pénible tout un après-midi, ayant éveillé en lui la remémorance de pareilles culbutes. Il eut une colère, au compte des fois innombrables où sa brutalité s’était affirmée avec d’aussi forcenées exaspérations. Des parfums d’alcool s’évoquèrent, des touffeurs tièdes de boudoir. Des congestions montèrent en lui au souvenir de l’antan passionnel : les nuits aphrodisiaques où sous la domination de ses sens mâles et experts il avait tenu, pantelantes, râlantes, les maîtresses d’une semaine ou d’une heure.

Peu à peu toutefois, son attente d’Elle se prolongeant, le désir commença à le mordre. Il se confessait à Mopsius.

— Je note en moi, mon cher savant, le pro-